L’érosion est le mécanisme par lequel les particules de sol sont détachées et déplacées de leur point d’origine. Au Québec, le principal élément déclencheur de l’érosion est… l’eau. Privés de leur couche protectrice naturelle qu’est la végétation, les sols deviennent beaucoup plus vulnérables à l’érosion.
L’effet de l’eau sur les sols à nu
Quand les gouttes de pluie arrivent sur le sol nu, elles agissent comme de véritables petites bombes et font éclater les particules de sol. En retombant, les particules de sols bouchent les fissures du sol, le rendant ainsi imperméable. L’eau, qui ne peut plus être absorbée, ruisselle à la surface et entraîne avec elle des particules de sol, qu’on nomme alors « sédiments ».
Les sédiments : résultat de l’érosion
Les sédiments sont un mélange de particules de sol de différentes grosseurs. Quand ils sont transportés par l’eau, les sédiments sont déplacés plus ou moins loin de leur site d’origine selon leur taille et le débit de l’eau. Les plus grossiers, tels les graviers et les sables, s’arrêtent généralement près de leur lieu d’origine, car l’eau n’a plus assez d’énergie pour les déplacer. Les sédiments fins, comme les argiles, les matières organiques et les limons, restent longtemps en suspension dans l’eau, ce qui leur permet de se déposer beaucoup plus loin. Ces particules fines en suspension donnent à l’eau une apparence trouble et sale.
De véritables petites bombes!
Processus d’érosion
Voici les étapes du processus d’érosion qui transporte les sédiments des sols dépourvus de végétation (mis à nu) jusqu’aux cours d’eau:
1- La pluie agit comme des millions de petites bombes qui émiettent le sol sans végétation.
2- L’eau qui ruisselle à la surface du sol prend en charge les particules du sol et les déplace.
3- Des rigoles et des ravineaux se créent…
4- … et se transforment en ravins.
5- L’eau remplie de sédiments ira envaser, en aval, le lit d’un cours d’eau plus calme où les pentes sont moins fortes.
Les impacts de l’érosion
L’érosion des sols coûte cher sur le plan économique :
- La perte de sol fertile et son remplacement ;
- Le blocage des ponceaux et des égouts pluviaux ;
- L’augmentation des coûts de filtration de l’eau potable ;
- L’augmentation des risques d’inondation à cause du colmatage des cours d’eau ;
- La perte de zones de baignade et la diminution des superficies navigables.
L’érosion des sols coûte cher sur le plan environnemental :
- La diminution de la qualité de pêche ;
- La destruction des frayères ;
- La mort des poissons par asphyxie ;
- La réduction de la transparence de l’eau ;
- Le réchauffement de l’eau ;
- La prolifération excessive des plantes aquatiques due à la formation de fonds vaseux et de l’apport de matières organiques et de nutriments ;
- L’apport de produits toxiques qui accompagnent fréquemment les sédiments.
La lutte à l’érosion
Principe de base
Le grand principe de la lutte à l’érosion des sols consiste à empêcher l’eau de devenir érosive. La végétation est et restera toujours le meilleur moyen d’empêcher l’érosion des sols.
Trois approches sont possibles :
1- Limiter la vitesse de l’eau.
2- Dévégétaliser le moins possible
3- Couvrir rapidement les sols mis à nu.
Il est à noter que les municipalités régionales de comté (MRC) et municipalités locales ont le pouvoir de faire adopter des règlements visant le contrôle de l’érosion sur leur territoire.
Découvrez les méthodes concrètes pour appliquer ces différentes approches dans notre guide Lutte à l’érosion sur les sites de construction ou de Sol mis à nu.
La méthode du tiers inférieur
Cette méthode est une des mesures phares développées et mises en avant par le RAPPEL comme une solution pour réduire l’érosion des fossés routiers.
La petite histoire
Dès sa naissance, en 1996, le RAPPEL entreprend de trouver des solutions pour contrer l’un des principaux polluants des lacs et des cours d’eau du Québec : les sédiments. L’érosion des tributaires artificiels, c’est-à-dire les fossés, est vite apparue comme une cause importante d’apport de sédiments aux plans d’eau. Leur méthode d’entretien devait donc être revue afin de la rendre plus durable et écologique. C’est ainsi qu’est née la méthode du tiers inférieur pour l’entretien des fossés routiers des suites d’un partenariat entre le RAPPEL et la Direction de l’Estrie du ministère des Transports du Québec (MTQ).
La méthode du tiers inférieur fait partie des techniques décrites dans notre Guide de gestion environnementale des fossés.
Le principe
La méthode du tiers inférieur consiste à nettoyer le fond du fossé et à conserver les deux tiers supérieurs de la végétation sur les côtés.
Des études scientifiques effectuées par l’Université de Sherbrooke et le MTQ sont arrivées à deux importantes conclusions concernant cette méthode d’entretien des fossés :
- Elle est beaucoup moins dispendieuse que la méthode dite « traditionnelle ».
- Elle permet de réduire aussi bien la production que le transport de sédiments.
Méthode traditionnelle
Méthode du tiers inférieur
La méthode du tiers inférieur est une norme provinciale depuis 2002 (norme 1401 MTQ). Il s’agit donc d’une norme obligatoire sur le réseau routier provincial. Le RAPPEL souhaiterait que chacune des municipalités en fasse également une norme obligatoire sur leur réseau routier municipal. Il s’agit d’un moyen simple, efficace et économique pour améliorer la qualité de l’eau et la stabilité des fossés.
Des résultats époustouflants!
Les résultats de l’évaluation de la méthode du tiers inférieur effectuée conjointement par l’Université de Sherbrooke et le MTQ sont très intéressants. Ils font la comparaison entre la méthode du tiers inférieur et la méthode traditionnelle d’entretien des fossés routier en ce qui concerne la matière érodée, le degré d’érosion et le coût économique.
Tableau: Comparaison du degré d’érosion dans les fossés entretenus par la méthode du tiers inférieur et la méthode traditionnelle
Avec la méthode du tiers inférieur, les différents types d’érosion sont beaucoup moins importants. Par ailleurs, plus la pente est forte, plus la réduction de l’érosion est significative.
Données économiques
Monast Robineau et al. en 2006 a comparé les méthodes du Tiers inférieur et traditionnelle. D’après cette étude, la méthode du Tiers inférieur permettrait :
- La réduction du volume de matériaux érodés :
- 75 % au minimum dans les fossés à pente faible ;
- 94 % dans les fossés à pente forte ;
- L’économie du temps de nettoyage de 40 % en moyenne ;
- La réduction du volume de déblais à retirer de 66 %.
À noter : Certains fossés ne nécessitent pas nécessairement un entretien par excavation. Dans certains cas, un simple débroussaillage est suffisant pour rétablir l’écoulement de l’eau dans un fossé. Cette technique ne présente aucun risque d’apports en sédiments.
Ressources supplémentaires
Vous souhaitez en savoir plus sur les solutions concrètes permettant de contrer l’érosion ? Consultez nos différentes ressources :
Notre guide Lutte à l’érosion sur les sites de construction ou de sol mis à nu détaille les techniques préventives, anti-érosives et correctives permettant de contenir les sédiments à la source lors de travaux d’excavation.
Notre guide technique Gestion environnementale des fossés est constitué de 10 fiches techniques expliquant les mesures d’atténuation suggérées pour réduire l’érosion dans les fossés.
Notre Guide pour contrer l’érosion des chemins forestiers détaille 16 ouvrages de contrôle de l’érosion éprouvés et efficaces, que ce soit pour l’aménagement des fossés ou l’aménagement de la surface de roulement et pour assurer la stabilité de la chaussée en gravier.
Notre équipe offre des formations pratiques concernant les méthodes de contrôle de l’érosion.
Notre règlement-type sur l’érosion regroupe les multiples recommandations du RAPPEL en matière de contrôle de l’érosion.
Ce document, développé en 2003 mais toujours d’actualité, fournit un exemple concret de règlementation municipale permettant d’assurer un contrôle de l’érosion lors des travaux de construction. Le département des techniques juridiques du Séminaire de Sherbrooke a participé à sa mise en forme légale du règlement alors que sa valeur légale a été validée par une firme d’avocats de Sherbrooke.
Cette fiche informative est disponible en format PDF imprimable, seulement pour les membres de notre coopérative. Déposez une demande pour y avoir accès!
Références
Ministère des Transports du Québec (MTQ) (2011). Méthode du tiers inférieur pour l’entretien des fossés routiers. Bibliothèque et Archives nationales du Québec. http://www.bv.transports.gouv.qc.ca/mono/1079063.pdf
Monast Robineau, P. (Ministère des Transports du Québec [MTQ]) (2008). Évaluation environnementale et économique de la méthode du tiers inférieur pour l’entretien des fossés routiers. https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/707224
Monast Robineau, L. Provencher, J.-M. Dubois (2006) Méthode d’évaluation de l’érosion des fossés routiers. Université de Sherbrooke, ministère des Transports du Québec.
RAPPEL (2003). Lutte à l’érosion : guide des bonnes pratiques environnementales. (Édition 2003). Gouvernement du Québec. rappel.qc.ca/produit/lutte-a-lerosion-pdf/
RAPPEL (2012). Gestion environnementale des fossés (Édition 2012). Bibliothèque nationale du Québec et Bibliothèque nationale du Canada. rappel.qc.ca/guides-didactiques/gestion-environnementale-des-fosses/
RAPPEL (2015). Guide pour contrer l’érosion des chemins forestiers (Édition 2015). RAPPEL. rappel.qc.ca/guides-didactiques/guide-pour-contrer-lerosion-des-chemins-forestiers/