Roseau commun
Mise en contexte
Le roseau commun exotique, aussi connu sous le nom de phragmite, est une plante herbacée vivace qui s’installe généralement dans les milieux humides, sur les rives des plans d’eau ainsi que dans les fossés agricoles et routiers. Se propageant rapidement, il devient une véritable menace pour la biodiversité des zones touchées, comme c’est le cas à l’île aux Grues. Il fallait alors s’assurer de contrôler l’espèce envahissante pour préserver ce haut lieu de biodiversité du Québec. L’organisme à but non lucratif Conservation de la nature Canada (CNC), qui possède plusieurs hectares sur l’île à des fins de conservation, a donc approché le RAPPEL pour l’accompagner à résoudre le problème.
L’îIe aux Grues, qui est située au cœur du fleuve Saint-Laurent à la hauteur de Montmagny, accueille un haut marais de 642 hectares prenant la forme d’une batture qui fait le pont jusqu’à l’île aux Oies. Dominé par une prairie de plantes herbacées faisant office de halte migratoire, le milieu humide, créé par l’action des marées et des inondations saisonnières, abrite un écosystème riche et diversifié. De nombreuses espèces sauvagines (canard noir, oie des neiges, etc.) fréquentent le site, et en été celui-ci sert d’habitat de reproduction pour quatre espèces d’oiseaux en situation précaire : le râle jaune, le hibou des marais, le bruant de Nelson et le goglu des prés. Cependant, ce milieu est propice à l’envahissement par le roseau commun exotique.
En 2020, le RAPPEL a été appelé pour contrôler les colonies monospécifiques de phragmites sur une partie du territoire en fauchant et en installant des toiles en composite qui servent à empêcher la repousse, et du même coup faire mourir l’espèce envahissante. Mais avant de réaliser quelconques travaux, la faisabilité du mandat devait être vérifiée puisqu’il s’agit de l’un des plus gros projets du genre au Québec. L’équipe formée d’un biologiste superviseur, de techniciens et techniciennes en environnement, de membres d’équipe de CNC, et d’un opérateur de pelle mécanique a fait face à un enjeu technique majeur. Comme le territoire à couvrir se trouve sur une île, il fallait penser à apporter tout l’équipement et les matériaux par le traversier, notamment en s’assurant que les toiles, qui font plus de trois mètres de largeur et sont très lourdes, puissent tous loger sur l’embarcation. De plus, la zone à traiter est exposée aux inondations, aux glaces et à des épisodes de forts vents, des conditions qui augmentaient l’ampleur du défi.
des plus gros projets du genre au Québec
mètres carré de colonie traité
mètres carré de toiles posées
Considérant tous les efforts déployés et les sommes investies pour installer les toiles, il demeure essentiel de les laisser en place au moins 3 ans pour assurer une éradication complète du roseau commun. De plus, un suivi et un entretien annuel doivent être effectués pendant toute la durée de traitement. Lors de cette dernière étape, les bris dans les toiles sont réparés et les plants de roseaux parvenant à pousser dans les colonies traitées sont coupés. Dès que les toiles seront retirées, il sera important d’ensemencer les sols à nu et de planter des végétaux indigènes qui vont rivaliser avec le roseau pour être certain qu’il ne se réinstalle pas par la suite. Bien qu’il soit impossible de faire état des résultats pour le moment, le RAPPEL poursuit sa collaboration avec CNC afin d’effectuer un suivi rigoureux, et ce, pour garantir la protection de la biodiversité à long terme.